Sa vie amoureuse et ses mariages...

avec Dieu... et ses ambassadeurs

Premier flirt...

Comme je l’ai indiqué dans le chapitre précédent, Babeth était fascinée par les hommes en soutane. Cette fasci­nation est née très top dans sa vie, vrai­sem­bla­ble­ment bien avant que j’en situe l'inauguration officielle au jour de sa com­munion solennelle, dans sa magnifique robe blanche... aussi ravissante et somptueuse qu’une robe de mariée ! Cette expérience fut sans doute fondatrice de ses choix maritaux et conjugaux ultérieurs.

Elle a très probablement emprunté l'admiration qu'elle dédiait aux membres du clergé à ses parents qui vouaient une dévotion idolâtre aux ministres du Culte. Les photos ci-contre montrent son visage en joie, le jour de sa com­munion solennelle. Sans doute le mot « solennelle » est au cœur de la jubilation de Babeth, sensible – comme tout un chacun – aux regards portés sur elle dans un moment où elle se savait le centre d’intérêt du jour. Sur les photos, vous remarquerez ses yeux de braise, déjà bien allumés à 12/13 ans. Les mains jointes, pas plus que le missel, n’enlèvent une once de malice à son regard. Je vous laisse imaginer le caractère impérieux de mon état amoureux face au charme irrésistible de cette jeune fille de trois ans mon ainée.

L'oncle, dit « Le Chanoine »

Un autre détail important apporte de la lumière sur l'origine de la fasci­nation de Babeth pour la robe sacerdotale : le grand-père de Babeth (voir le chapitre Son grand-père) avait un frère inscrit parmi les membres Dignitaires et Collégiales Ecclésiastiques. Pour dire les choses plus simp­le­ment : il était chanoine. Tout le monde dans la famille l'appelait L'Oncle, mais lorsque les circonstances récla­maient une marque de respect plus auguste du personnage, c'était Le Cha­noine. Les érudits locaux le connaissaient sous son patronyme, le Chanoine Auguste Dussert, pour peu qu'ils aient lu sa thèse de doctorat intitulée « Essai historique sur La Mure et son mandement depuis les origines jusqu'en 1826 », éditée par Alphonse Picard et Falque et Perrin à Grenoble, en 1903.

Tout ça pour dire que cet oncle vêtu d'une dalmatique noir ébène disposait, comme le laisse augurer son auguste prénom, d'une aura aussi histrionique que son charisme intel­lectuel, suscitant une admiration inconsidérée à laquelle Babeth n'a pas échappé, ne serait-ce que par mimétisme. D'où, peut-être, sa prédi­lec­tion amoureuse ultérieure pour les hommes au corps tuniqué d'une chasuble noire. Pure hypo­thèse, mais il n'est pas impossible de trouver là le dépla­cement d'un œdipe typiquement freudien sur cet oncle. À méditer...

Premier mariage

Pour désigner la cérémonie du mariage avec Dieu – ou son fils – les ecclé­sias­tiques utilisent l’expression « prise d’habit ». Sans doute pour signifier qu’il s’agit d’un engagement à respecter le vœu de chasteté... si cher aux en­sou­tanés phobiques du péché de chair... interdiction formelle de se déshabiller ! Exacte­ment le contraire du « déshabillez-vous », pour signifier le consen­te­ment mutuel à l’accomplissement du devoir conjugal dans le mariage civil...

Son engouement pour l’église et les hommes qui l’administrent a finalement poussé Babeth à « épouser » Dieu, ou plus exactement son fils, celui que les chrétiens arborent nu sur sa croix. Rien d’étonnant après pareil exhibition que les jeunes filles tombent amoureuse de cette idole.

Le mini reportage photo (ci-contre à droite) de la « prise d’habit » de Babeth témoigne des conséquences ravageuses de ces happenings dominicaux répétés : notre Babeth amoureuse tout envoilée dans son immaculée robe blanche, célébrant son union sacrée avec cet apollon galiléen ressuscité... mais toujours invisible en dépit des avis de recherche depuis 2000 ans !

Pour ce qui est des deux autres mariages (avec des fonctionnaires de Dieu repentis), si vous vous en sentez le culot, posez la question aux maris, à savoir si le mariage a été consommé ou pas... Tous les deux anciens porteurs de soutanes, ils se sont « défroqués » pour les beaux yeux de Babeth, mais sans doute pas pour autre chose. Ah ça oui, ceux qui la connaissaient bien vous en parleront, des beaux yeux de Babeth : magnifiques joyaux de kryptonite purs, ses yeux et son regard lançaient de véritables braises ardentes avec lesquelles elle savait allumer tous les incendies qu’elle voulait, qu’aucun pompier n’aurait su éteindre. Mais une fois le cœur du prétendant enflammé, celui de Babeth, envahie par une insoutenable angoisse, devenait soudain impénétrable, voire intouchable. Notez au passage le jeu de mots, à prendre au premier degré autant qu’au deuxième. Cœur à cœur et corps à corps rigoureusement impossibles, tant la douleur redoutée était immense, à ce qu’elle m’en disait dans ses confidences intimes.

Pour celles et ceux qui chercheraient à comprendre ce mystère que Babeth a emporté en prenant congé de sa vie, un groupuscule d'activistes féministes a prétendu avoir trouvé des réponses dans son dernier récit publié sous le titre « Poupée de sang » (quelques exemplaires sont encore disponibles à SOS Inceste, 9 rue Général Durand, 38 000 Grenoble.

Le projet de réédition en cours vient par ailleurs de voir le jour, et il est désormais possible de trouver cet ouvrage, complété par une chronique sur la vie de Babeth, avec une quinzaine de reproductions en couleur de ses peintures. Le livre est disponible chez EditAuteur.com). Si vous lisez « Poupée de sang », ne cherchez pas du côté des insi­nuations alléguées par le commando des féministes, car non seulement vous seriez déçu de ne rien trouver, mais vous passeriez à côté d'un chef d'œuvre littéraire : un conte à con­nota­tion auto­bio­graphique, dans lequel Babeth a mis tous son talent de poète... Pour en savoir plus sur les conséquences des allégations infondées avancées par cette phalange féministe, lire l'article au chapitre Écrits.

Deuxième mariage

Je vous livre ici quelques souvenirs ramenés à ma mémoire après avoir retrouvé dans un vieux carton une collection de photos des noces avec son premier mari de chaire et d’os. Avec ce mari-là, elle a partagé sa vie pendant un peu plus de 10 ans (avec le fils de Dieu, la déception fatale était arrivée 6 mois après l’hyménée sacré, lequel avait été précédé de trois années de fiançailles, plus connues dans la gent cléricale sous le nom de noviciat...).

Ci-contre à droite, le mini reportage photo en noir et blanc de cette mémorable journée du premier février 1969, toute voilée de blanc, vous permettra de remarquer que le champagne coulait à flots pour ce mariage-ci.

Preuve de mon amour absolu et sans contrepartie pour Babeth, je trouvais François si sympathique que je n’ai éprouvé aucune jalousie à les voir tous les deux voguer ensemble vers le bonheur sur ce navire qui semblait promettre de bien résister aux inévitables tempêtes que traverse tout couple qui s’embarque pour le grand voyage dans la conjugalité.

Nous voilà donc à l’aube d’une vie conjugale qui sera marquée du sceau des idées véhiculées lors des événements de mai 68… Autant dire que le naufrage était inévitable, avec Babeth à la barre du bateau ivre. Ceux qui se sont laissé embarquer par ce courant post-soixante-huitard se souviennent sans doute des dérives fatales qu’il a entrainées. Babeth et François n’y ont pas échappé : les funestes orages tumultueux que ces dix années de vie conjugales ont mis sur leur route ont fini par dévaster les liens sacrés du mariage, jusqu’à les dissoudre dans le divorce.

Troisième mariage

Par délicatesse et pudeur, je passe sous silence les péripéties et autres pirateries « au long cours » du précédent mariage qui ont finalement conduit notre chère Babeth dans les bras de son second mari, ancien soldat de Dieu lui aussi, mais doté d’une personnalité diamétralement opposée à celle de François. Vous me direz que c’est classique après une déception amoureuse, on évite de choisir les mêmes illusions que la fois précédente. Ce qui n’empêche pas le désenchantement suivant d’arriver à l’heure au rendez-vous ! Dans le cas de Babeth, cette ultime désillusion engendra de funestes conséquences.

Tout ça pour vous dire qu’il n’y a pas de photos pour ce mariage sans tambour ni trompette. Juste deux photos des mariés prises quelques années après le passage obligé devant le Maire, pour ne pas laisser votre imagination sans rien à se mettre sous la dent.

Cette aventure conjugale là s’est déroulée sous des latitudes nettement plus tropicales que dans le précédent mariage. L’art, la poésie, la peinture et l’écriture occupaient la totalité du navire, du fond des cales au pont supérieur. Pour les besoins de cette cause artistique, en excellente comédienne qu’elle savait être, Babeth avait convaincu l’Éducation nationale de son invalidité psychique à exercer son métier de prof... et les psys n’y ont vu que du feu ! La voilà rentière à vie, disponible à 100 % pour se consacrer à… sa vie amoureuse en premier, mais aussi à sa vie d’artiste.

Du mari, je ne dirai mot, pas même à demi-mot. Que dire de quelqu'un dont on ne sait rien ? Que dire d'un homme coupé de la famille de son épouse, jusqu'au point de non-retour ? Quoi dire, sinon que ce mari-là s'est tenu face à moi comme un étranger, épuisé par un impossible effort dans l'accomplis­sement de son œuvre pour décon­necter Bebeth de sa famille ? Que dire de plus, sinon rien, même si d’autres avant moi ont déjà tout dit sur ce « rien ».

La fin de ce voyage conjugal fut tragique, pour Babeth… sa famille… et ses proches… L'ultime tragédie de ce couple énigmatique est évoquée au chapitre Un suicide par procu­ration, toute la lumière autour du décès de Babeth.

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